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autres Églises et de les leur faire accepter[1]. Sa littérature supposée, bien qu’il n’en doive pas porter personnellement la responsabilité, est une littérature d’autorité, inculquant à chaque page la hiérarchie, l’obéissance aux prêtres, aux évêques. Toute phrase qu’on lui attribue est une loi, une décrétale. On lui accorde pleinement le droit de parler à l’Église universelle. C’est le premier type de « pape » que présente l’histoire ecclésiastique. Sa haute personnalité, grandie encore par la légende, fut, après celle de Pierre, la plus sainte image de la primitive Rome chrétienne. Sa face vénérable fut pour les siècles suivants celle d’un législateur doux et grave, une prédication perpétuelle de soumission et de respect.

Clément traversa la persécution de Domitien sans en souffrir[2]. Quand les rigueurs s’apaisèrent, l’Église de Rome reprit ses relations avec le dehors. Déjà l’idée d’une certaine primauté de cette Église commençait à se faire jour. On lui accordait le droit d’avertir les autres Églises, de régler leurs différends.

  1. Pasteur, vis. ii, 4. Ἐκείνῳ γὰρ ἐπιτέτραπται.
  2. Épître, ch. i. Selon la traduction de saint Jérôme, Eusèbe (Chron., p. 160-163, édit. Schœne) plaçait la mort de Clément en la deuxième année de Trajan. Selon la traduction arménienne, cette mort eut lieu en l’an 14 de Domitien. Irénée (III, iii, 3) ne connaît qu’un seul évêque de Rome martyr : c’est saint Télesphore.