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pont du navire une hutte de feuillage, que le vent emporte le lendemain ; le temps de la navigation se passe à discuter sur la manière de payer la dîme et de suppléer au loulab[1], dans un pays où il n’y a pas de palmiers. À cent vingt milles de la ville, les voyageurs entendent un roulement sourd ; c’est le bruit du Capitole qui vient jusqu’à eux. Tous alors versent des larmes ; Aquiba seul éclate de rire. « Comment ne pas pleurer, disent les rabbins, en voyant heureux et tranquilles des idolâtres qui sacrifient aux faux dieux, tandis que le sanctuaire de notre Dieu a été consumé par le feu et sert de tanière aux bêtes des champs ? — Eh bien, dit Aquiba, c’est cela même qui me fait rire. Si Dieu accorde tant de grâces à ceux qui l’offensent, quelle destinée attend ceux qui font sa volonté et à qui appartient le royaume ? »

Pendant que ces quatre anciens sont à Rome, le sénat de l’empereur décrète qu’il n’y aura plus de juifs dans le monde entier. Un sénateur, homme pieux (Clemens ?[2]), révèle à Gamaliel ce redoutable

  1. Palme entourée de branches de saule et de myrte, qu’on porte à la main le jour de la fête des Tabernacles.
  2. Cette identification et celles qui suivent, si problématiques en elles-mêmes, seraient encore infirmées si Clemens figurait déjà dans le Talmud sous le nom de Calonyme. Voir ci-dessus, p. 228, note 3.