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justes morts pour la justice vivent à Dieu, pour Dieu, au regard de Dieu, Ζῶσι τῷ Θεῷ[1]. Dieu, pour l’auteur, est en même temps le Dieu absolu de la philosophie et le dieu national d’Israël[2]. Le juif doit mourir pour sa loi, d’abord parce que c’est la loi de ses pères, puis parce qu’elle est divine et vraie[3]. Les viandes défendues par la Loi l’ont été parce qu’elles sont nuisibles à l’homme ; en tout cas, violer les lois dans les petites choses est aussi coupable que de les violer dans les grandes, puisque, dans les deux cas, l’autorité de la raison est également méconnue[4]. On voit combien une telle manière de voir se rapproche de celle de Josèphe et des juifs philosophes. Par la colère qui éclate à chaque page contre les tyrans, par les images de tortures qui obsèdent l’esprit de l’auteur, le livre se rapporte bien au moment culminant des fureurs de Domitien[5].

  1. Comparez Luc, xx, 38 : πάντες γὰρ αὐτῷ ζῶσιν. Se rappeler : Animas prœlio aut suppliciis peremptorum æternas putant. Tac., Hist., V, 5. Voir l’Antechrist, p. 467.
  2. Πατρῷος θεός, ch. 12, p. 292, 10.
  3. Ch. 5, 6, 9.
  4. Principe stoïcien.
  5. Certains procédés d’amplification, surtout l’emploi des exemples de l’Ancien Testament, rappellent Clément Romain. On observe des ressemblances avec les Évangiles. Ainsi Matth., xxii, 31 et suiv., trouve un écho dans le ch. 16 ; Matth., x, 28, dans le ch. 13, et Luc, xvi, 22, aussi dans le ch. 13. — L’influence du