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fille d’Auguste, d’Agrippine, femme de Germanicus, d’Octavie, femme de Néron. Ce fut le crime que Domitien paya le plus cher[1]. Domitille, quel que fût le degré de son initiation au christianisme, était une Romaine. Venger son mari, sauver ses enfants, compromis par les caprices d’un monstre fantasque, lui parut un devoir. De Pandatarie, elle continua d’entretenir des relations avec le nombreux personnel d’esclaves et d’affranchis qu’elle avait à Rome et qui paraît lui avoir été fort dévoué.

De toutes les victimes de la persécution de Domitien, nous n’en connaissons qu’une par son nom ; c’est Flavius Clemens. Le mauvais vouloir du gouvernement semble s’être porté bien plus sur les prosélytes romains entraînés vers le judaïsme ou le christianisme[2], que sur les juifs et les chrétiens orientaux

    ἀνδρὸς φοιτᾶν) ; c’est-à-dire il la fait mettre à mort, assertion qui, n’ayant pour elle que le romancier Philostrate, a peu de valeur. — Pandatarie est aujourd’hui Ventotene, entre le cap Circello et le cap Misène. Bruttius, cité par Eusèbe (Chron., loc. cit. ; Hist. eccl., III, 18), assigne pour lieu de déportation à Flavie Domitille l’île Pontia, située près de Pandatarie, et qui fut le lieu d’exil de Néron, fils de Germanicus, et des sœurs de Caligula. Ce fut la version adoptée par l’Église (saint Jérôme, Epit. Paulæ, Opp., IV, 2, p. 672 ; martyrologes, légende des saints Nérée et Achillée, tradition actuelle).

  1. Suétone, l. c. ; Philostrate, Apoll., VIII, 25.
  2. Ἄλλοι ἐς τὰ Ἰουδαίων ἔθη ἐξοκέλλοντες πολλοί. Dion Cassius, LXVII, 14.