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de leurs biens. Il y eut quelques apostasies[1]. En l’an 95, justement, Flavius Clemens était consul. Dans les derniers jours de son consulat[2], Domitien le fit mourir, sur les plus légers soupçons[3] venant de basses délations[4]. Ces soupçons étaient assurément politiques ; mais le prétexte fut la religion. Clemens avait sans doute montré peu de zèle pour les formes païennes que revêtait chez les Romains tout acte civil ; peut-être s’était-il abstenu de quelque cérémonie jugée capitale. Il n’en fallut pas davantage pour lancer contre lui et contre Flavie Domitille l’accusation d’impiété. Clemens fut mis à mort. Quant à Flavie Domitille, elle fut reléguée dans l’île de Pandatarie[5], qui avait déjà vu l’exil de Julie,

  1. Pline, l. c. ; Clem. Rom., Epist., ch. 59, τοὺς πεπτωκότας (édit. Philothée Bryenne).
  2. Dion dit ὐπατεύοντα ; Suétone : tantum non in ipso ejus consulatu. Il était rare que l’on tînt alors le consulat plus de six mois.
  3. Suétone, Dom., 15 ; Dion Cassius, LXVIII, 14 ; Philostrate, Apoll., VIII, 25 ; Syncelle, p. 650 (les mots αὐτός τε Κλήμης ὑπὲρ Χριστοῦ ἀναιρεῖται sont du Syncelle et non de la Chron. d’Eusèbe, comp. saint Jérôme et l’arménien). V. ci-dessus p. 229, note.
  4. Méliton, l. c.
  5. Dion Cass., LXVII, 14 ; cf. Tac., Agric., 45. On a mal compris Philostr., Apoll., VIII, 25. Domitien n’ordonne pas que Domitille, « trois ou quatre jours après la mort de Clemens, épouse un autre mari » ; il ordonne « qu’elle aille rejoindre son mari » (κἀκείνην ἐς