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législation religieuse, une différence fondamentale. Que le provincial pratiquât sa religion dans son pays, sans esprit de prosélytisme, les hommes d’État romains n’y voyaient aucun mal. Quand ce même provincial voulait exercer son culte en Italie et surtout à Rome, la chose devenait déjà, plus délicate ; les yeux du vrai Romain étaient choqués du spectacle de cérémonies bizarres, et de temps en temps des coups de police venaient balayer ce que ces aristocrates envisageaient comme des ignominies. Les religions étrangères avaient d’ailleurs un grand attrait pour la basse population, et on regardait comme une nécessité d’État d’y opposer des digues. Mais ce qu’on tenait pour tout à fait grave, c’est que des citoyens romains, des personnages de marque abandonnaient la religion de Rome pour ces superstitions orientales. Il y avait là crime d’État. Le Romain était encore la base de l’empire. Or le Romain n’était complet qu’avec la religion romaine ; pour lui, passer à un culte étranger était une trahison de la patrie. Ainsi un citoyen romain ne pouvait être initié au druidisme[1]. Domitien, qui aspirait à passer pour un restaurateur du culte des dieux latins[2], ne devait pas

  1. Suétone, Claude, 25.
  2. Voir ci-dessus, p. 221.