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d’une allusion vague aux généalogies des synoptiques (§ 7). Ignace possédait sans doute les Λεχθέντα ἢ πραχθέντα de Jésus, tels qu’on les lisait de son temps, et, sur les points essentiels, ces récits différaient peu de ceux qui sont venus jusqu’à nous. Plus grave assurément est l’objection tirée des expressions que l’auteur de notre épître paraît emprunter au quatrième Évangile[1]. Il n’est pas sûr que cet Évangile existât déjà vers l’an 115. Mais des expressions comme ὁ ἄρχων αἰῶνος τούτου, des images comme ὕδωρ ζῶν pouvaient être des expressions mystiques employées dans certaines écoles dès le premier quart du IIe siècle, et avant que le quatrième Évangile les eût consacrées.

Ces arguments intrinsèques ne sont pas les seuls qui nous obligent à faire, pour l’épître aux Romains, une catégorie à part dans la correspondance ignatienne. À quelques égards, cette épître contredit les six autres. Au paragraphe 4, Ignace déclare aux Romains qu’il les présente aux Églises comme voulant lui enlever la couronne du martyre. On ne trouve rien de semblable dans les épîtres à ces Églises. Ce qui est bien plus grave, c’est que l’épître aux Romains ne semble pas nous être par-

  1. Voir le paragraphe 7, surtout la fin depuis ὕδωρ δὲ ζῶν.