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sant sera renversé de son trône ; l’humble sera exalté[1] : voilà pour lui le résumé de la révolution opérée par Jésus. Or l’orgueilleux, c’est le juif fier de descendre d’Abraham ; l’humble, c’est le gentil, qui ne tire aucune gloire de ses ancêtres et doit tout ce qu’il est à sa foi en Jésus.

On voit la parfaite conformité de ces vues avec celles de Paul. Assurément, Paul n’avait pas d’Évangile dans le sens où nous prenons ce mot[2]. Paul n’avait pas entendu Jésus[3], et à dessein il mit beaucoup de réserve dans ses rapports avec les disciples immédiats[4]. Il les avait très-peu vus, n’avait passé que quelques jours au centre des traditions, à Jérusalem. À peine entendit-il parler des logia ; de la tradition évangélique il ne connut que des fragments. Il faut dire au moins que ces fragments coïncident bien avec ce que nous lisons dans Luc[5]. Le récit de

  1. Luc, i, 52.
  2. « Mon Évangile » (Rom., ii, 16 ; xvi, 25 ; I Cor., xv, 1 ; II Cor., iv, 3 ; Gal., i, 11 ; ii, 2) signifie « mon genre de prédication orale ». Si quelque ouvrage devait être pris pour type de ce que Paul entendait par là, ce serait l’Épître aux Romains. Cf. Clément Romain, Ad Cor. I, c. 47.
  3. Voir les Apôtres, p. 173.
  4. Gal., i, 17 et suiv.
  5. Irénée, III, i, 1 ; Tertullien, Adv. Marc., IV, 5 ; Origène, dans Eus., H. E., VI, xxv, 6 ; Eus., H. E., III, iv, 8 ; S. Jérôme, De viris ill., 7.