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de l’arrangeur n’a jamais été porté plus loin. Naturellement, cependant, cette façon de composer entraîne chez Luc, — comme chez Matthieu et en général dans tous les Évangiles de seconde main, rédigés artificiellement d’après des documents écrits antérieurs, — des répétitions, des contradictions, des incohérences venant des documents disparates que le dernier rédacteur cherche à fondre ensemble[1]. Marc seul, par son caractère primitif, est exempt de ce défaut, et c’est la meilleure preuve de son originalité.

Nous avons insisté ailleurs[2] sur les erreurs que

    ni en Italie, ni même à Antioche. Les toits plats cessent avant l’embouchure de l’Oronte. Antioche a déjà les toits inclinés.

  1. Comp. Luc, v, 29-30, et xv, 1-2 ; ix, 45, et xviii, 34 ; ix, 46, et xxii, 24 ; x, 16, et ix, 48 ; x, 25, et xviii, 18 ; xi, 33, et viii, 16 ; xii, 2, et viii, 17 ; xiv, 11, et xviii, 14. Notez surtout la contradiction de ix, 50, et de xi, 23. Comme exemple d’incohérence, remarquez Luc, iv, 23, supposant qu’il a été question de Capharnahum auparavant.
  2. Vie de Jésus, p. lxxxiii et suiv. On s’était exagéré quelques-unes de ces erreurs. Pour Lysanias, voir Mém. de l’Acad. des inscr., t. XXVI, 2e partie. L’image du temple conçu comme un oratoire peut se défendre par Apoc., xi, 1. Ce qui concerne Emmaüs, au contraire, n’est justifiable dans aucune hypothèse topographique. Voir l’Antechrist, p. 301-302, note. Kulonié est à six kilomètres de Jérusalem (Guérin, Palest., I, p. 259) ; or soixante stades valent dix kilomètres. Ἑκατὸν ἑξήκοντα du Sinaïticus est une correction apologétique. Ἰωάννα (Luc, viii ; xxiv, 10) est un féminin difficile à admettre. Dans son récit v, 19, Luc suppose par distraction le toit couvert de tuiles, par conséquent incliné. Les toits plats sont toujours en terrasse.