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ques semaines avant sa comparution dans l’amphithéâtre ? Saint Paul, de même, dans les épîtres supposées à Tite et à Timothée, est présenté comme vieux, près de mourir[1]. La dernière volonté d’un martyr devait être sacrée, et cette fois l’admission de l’ouvrage apocryphe était d’autant plus facile, que saint Ignace passait en effet pour avoir écrit diverses lettres dans son voyage vers la mort.

Ajoutons à ces objections des invraisemblances matérielles. Les salutations aux Églises et les rapports que ces salutations supposent entre l’auteur des lettres et les Églises ne s’expliquent pas bien. Les traits circonstanciels ont quelque chose de gauche et d’émoussé, ainsi que cela se remarque dans les fausses épîtres de Paul à Tite et à Timothée. Le grand usage qui est fait, dans les écrits dont nous parlons, du quatrième Évangile et des épîtres johanniques, la façon affectée dont l’auteur parle de la douteuse épître de saint Paul aux Éphésiens[2], excitent également le soupçon. Par contre, il est bien étrange que l’auteur, cherchant à exalter l’Église d’Éphèse, relève les rapports de cette Église avec saint Paul et ne dise rien du séjour

  1. II Tim., iv, 6, 8.
  2. Ad Eph., § 12.