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lonius Molon (vers cent ans avant Jésus-Christ), s’étaient exprimés d’une manière défavorable sur le compte des Juifs. Il fallait surtout détruire l’autorité du savant égyptien Apion, qui, cinquante ans avant le temps où nous sommes, avait, soit dans son histoire d’Égypte, soit dans un traité distinct, déployé une immense érudition pour contester l’ancienneté de la religion juive. Aux yeux d’un Égyptien, d’un Grec, cela équivalait à lui enlever toute noblesse. Apion avait eu des relations à Rome avec le monde impérial ; Tibère l’appelait « la cymbale du monde »[1] ; Pline trouvait qu’il eût mieux valu l’en appeler le tam-tam[2]. Son livre pouvait être encore lu à Rome sous les Flavius.

La science d’Apion était celle d’un pédant vaniteux et léger[3] ; mais celle que Josèphe lui oppose ne vaut guère mieux. L’érudition grecque était pour lui une spécialité improvisée, puisque sa première éducation avait été juive et toute consacrée à la Loi[4]. Son livre n’est et ne pouvait être qu’un plaidoyer sans cri-

  1. Cymbalum mundi.
  2. Tympanum famæ. Pline, Hist. nat., præf., 25.
  3. Pline, Hist. nat., præf., l. c. ; Sénèque, Epist. 88 ; Aulu-Gelle, VI, 8 ; VII, 8.
  4. Saint Jérôme en fait la remarque, Epist. 84 (Mart., IV, 2e part., col. 655) : « Tanta sæcularium profert testimonia ut mihi miraculum subeat quomodo vir hebræus et ab infantia sacris litteris eruditus cunctam Græcorum bibliothecam evolverit. Cf. Ant., XX, xi, 2.