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étaient sujets[1]. Jusque-là, on n’avait exigé ce tribut que de ceux qui s’avouaient juifs. Beaucoup dissimulaient leur origine et ne le payaient pas. Pour écarter cette tolérance, on eut recours à des constatations odieuses. Suétone se souvenait d’avoir vu, dans sa jeunesse, un vieillard de quatre-vingt-dix ans mis à nu devant une nombreuse assistance, pour que l’on vérifiât s’il était circoncis. Ces rigueurs eurent pour conséquence de faire pratiquer, dans un grand nombre de cas, l’opération de l’épispasme ; le nombre des recutiti à cette date est très-considérable[2]. De telles recherches, d’un autre côté, amenèrent les fonctionnaires romains à une découverte qui les étonna : c’est qu’il y avait des gens menant en tout la vie juive et qui pourtant n’étaient pas circoncis. Le fisc décida que cette catégorie de personnes, les improfessi, ainsi qu’on les appelait[3], paye-

  1. Voir l’Antechrist, p. 538. Cf. Pline, Hist. nat., XII, 111-113.
  2. Martial, VII, xxix, 4 ; Talm. de Bab., Jebamoth, 72 a.
  3. Suétone, Dom., 12. La leçon uti professi est une faute (voir l’édition de Roth). On entend quelquefois cette professio d’une déclaration que les prosélytes auraient dû faire devant un magistrat ; mais l’ensemble de la phrase prouve que professio signifie ici ce qui constituait la profession complète du judaïsme, dont le signe était la circoncision. Ces improfessi étaient ceux qu’on appelait aussi οἱ σεϐόμενοι (Jos., Ant., XIV, vii, 2 ; Act., x, 2), religioni judaïcæ metuentes (Orelli, no 2523 ; Corpus inscr. lat., V, 88, en observant