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avaient été courts ; on sentait que c’étaient des crises, qu’elles ne pouvaient durer. Cette fois, il n’y avait pas de raison pour que cela finît. L’armée était contente, le peuple indifférent[1]. Domitien, il est vrai, n’arriva jamais à la popularité de Néron, et, en l’an 88, un imposteur croyait avoir des chances de le renverser en se présentant comme le maître adoré qui avait donné au peuple de si belles journées[2]. Néanmoins on n’avait pas trop perdu. Les spectacles étaient tout aussi monstrueux qu’ils l’avaient jamais été. L’amphithéâtre flavien (le Colisée), inauguré sous Titus, avait même vu des progrès dans l’art ignoble d’amuser le peuple[3]. Nul danger donc de ce côté[4]. Lui, cependant, ne lisait que les Mémoires de Tibère[5]. Il avait du mépris pour la familiarité qu’encouragea son père Vespasien ; il traitait d’enfantillage la bonté de son frère Titus et l’illusion qu’il avait eue de prétendre gouverner l’humanité en se

  1. Suétone, Dom., 23.
  2. Voir l’Antechrist, p. 319.
  3. Dion Cassius, LXVI, 25 ; LXVII, 8 ; Suét., Dom., 4. Cf. Martial, VI, 4 ; Stace, Silves, IV, ix, et le livre De spectaculis, recueil de petites pièces de divers auteurs, en tête de Martial. Cf. Mémoires de l’Acad. des inscriptions, sav. étr., t. VIII, 2e part., p. 144, 153-155.
  4. Juv., iv, 153-154, se rapporte aux derniers mois de Domitien.
  5. Suétone, Dom., 20.