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imitation de l’enfance de Moïse, qu’un roi aussi voulut faire mourir, et qui fut obligé de se sauver à l’étranger. Il arriva pour Jésus comme pour tous les grands hommes. On ne sait rien de leur enfance, par la raison fort simple qu’on ne prévoit jamais la célébrité future d’un enfant ; on y supplée par des anecdotes conçues après coup. L’imagination, d’ailleurs, aime à se figurer que les hommes providentiels ont grandi au travers des périls, par l’effet d’une protection particulière du Ciel[1]. Un conte populaire relatif à la naissance d’Auguste[2] et divers traits de cruauté d’Hérode[3] purent donner origine à la légende du massacre des enfants de Bethléhem.

Marc, dans sa rédaction singulièrement naïve, a des bizarreries, des rudesses, des passages qui s’expliquent mal et prêtent à l’objection. Matthieu procède par retouches et atténuations de détail. Comparez, par exemple, Marc, iii, 31-35, à Matthieu, xii, 46-50. Le second rédacteur efface l’idée que les parents de Jésus le crurent fou et voulurent le lier. L’étonnante naïveté de Marc, vi, 5 : « Il ne put faire là (à Nazareth) aucun miracle, etc., » est adoucie

  1. Voir la Vie de Zoroastre, traduite par Anquetil-Duperron ; se rappeler Cyrus, Romulus, etc.
  2. Suétone, Aug., 94, d’après Julius Marathus.
  3. Vie de Jésus, p. 252, note 2.