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doute parce que les généalogies étaient fixées avant que l’on prêtât d’une manière sérieuse à Jésus une naissance en dehors de l’union régulière des deux sexes, et qu’on ne contestât à Joseph ses droits à une réelle paternité. L’Évangile hébreu, au moins à la date où nous sommes, laissait toujours Jésus fils de Joseph et de Marie[1] ; l’Esprit-Saint, dans la conception de cet Évangile était pour Jésus-Messie (personnage distinct de l’homme-Jésus[2]) une mère, non un père[3]. L’Évangile selon Matthieu, au contraire, s’arrête à une combinaison tout à fait contradictoire. Jésus chez lui est fils de David par Joseph, qui n’est pas son père. L’auteur sort de cet embarras avec une naïveté extrême[4]. Un ange vient lever les peines

    Protévangile de Jacques, c. 10 (p. 19, Tisch.) ; Évang. de la Nat. de Marie, c. 1 (p. 106) ; Évang. de pseudo-Matth., c. 12 (p. 73) ; saint Justin, Dial., 23, 43, 45, 100, 101, 120 ; Apol. I, 32 ; Irénée, III, xxi, 5 ; Tertullien, Adv. Marc., III, 17, 20 ; IV, 1, 7, 19 ; V, 8 ; Adv. jud., 9 ; De carne Christi, 22. (Hilgenfeld, Krit. Untersuch. über die Evang. Justin’s, etc., p. 100, 101, 140 et suiv., 153 et suiv., 156 et suiv.)

  1. Épiph., hær. xxx, 14. Toutes les sectes ébionites adoptèrent cet Évangile ; or une partie au moins de ces sectes niait la naissance surnaturelle de Jésus.
  2. Voir ci-dessus, p. 50, 103, note 2 ; 106, note 2 ; 176, note.
  3. Ἡ μήτηρ μου τὸ ἅγιον πνεῦμα. Hilgenfeld, p. 15 (ligne 22), 16 (ligne 15 et suiv.), 20, 23.
  4. Matth., i, 16, 18, 25.