Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de grandes parenthèses dans la narration de Marc[1], à laquelle il pratique pour cela des espèces d’entailles. Le principal de ces discours, le Discours sur la montagne, est évidemment composé de parties qui n’offrent entre elles aucun lien et qui ont été artificiellement rapprochées. Le chapitre xxiii contient tout ce que la tradition avait conservé des reproches que Jésus, à diverses occasions, adressa aux pharisiens. Les sept paraboles du chapitre xiii n’ont sûrement pas été proposées par Jésus le même jour et de suite[2]. Qu’on nous permette une comparaison familière, qui seule rend notre pensée. Il y avait, avant la rédaction du premier Évangile, des paquets de discours et de paraboles, où les paroles de Jésus étaient classées d’après des raisons purement extérieures[3]. L’auteur du premier Évangile trouva ces paquets déjà faits, et les inséra dans le texte de Marc, qui lui servait de canevas, tout ficelés, sans briser le fil léger qui les reliait. Quelquefois le texte de Marc, tout abrégé qu’il

  1. Comp. Marc, i, 21-22, à Matth., v, 2 ; vii, 28 ; Marc, x, 31-32, à Matth., xix, 30 ; xx, 17 ; Marc, xi, 33 ; xii, 1, à Matth., xxi, 28-33 (cf. Luc, xx, 7-9). L’intercalation des instructions apostoliques dans Marc, iii (comp. Matth., à partir de ix, 37), n’est pas moins sensible.
  2. Notez la formule du v. 52.
  3. Ch. xiii, d’après la forme parabolique ; ch. xxiii, d’après l’analogie du sujet (pharisiens) ; ch. xviii, init., idée d’enfance.