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lem[1]. Il est vrai qu’au iiie et au ive siècle, on abusa de cette hypothèse pour sortir des embarras où les Églises se trouvèrent, quand elles voulurent faire des successions régulières d’évêques avec les éléments disparates de la tradition. Néanmoins la duplicité de certaines grandes Églises paraît avoir été un fait réel. Telle était la diversité d’éducation des deux fractions de la communauté chrétienne, que les mêmes pasteurs ne pouvaient guère donner aux deux l’enseignement dont elles avaient besoin[2].

Les choses se passaient surtout ainsi quand à la différence d’origine se joignait la différence de langue, comme à Antioche, où l’un des groupes parlait grec, l’autre syriaque. Antioche paraît avoir eu deux successions de presbyteri, l’une se rattachant idéalement à saint Pierre, l’autre à saint Paul. La constitution de ces deux listes se fit par les procédés mêmes qui servirent à dresser la liste des évêques de Rome. On prit les plus anciens noms de presbyteri dont on se souvenait, celui d’un certain Evhode, fort respecté[3], celui d’Ignace, qui eut beaucoup plus de célébrité, et on en fit les chefs de file

  1. Épiphane, hær. lxviii, 7 ; Constit. apost., VII, 46.
  2. Vers l’an 200, le prêtre Caïus est ordonné à Rome ἐθνῶν ἐπίσκοπος. Photius, cod. xlviii.
  3. Épître supposée d’Ignace aux Antiochéniens, § 7.