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pas fratricide au sens matériel ; il le fut par sa haine, par sa jalousie, par ses désirs non dissimulés. Son attitude, depuis la mort de son père, était une conspiration perpétuelle[1]. Titus n’avait pas encore rendu l’esprit que Domitien obligeait tout le monde à l’abandonner comme mort, et, montant à cheval, se rendait en hâte au camp des prétoriens[2].

Le monde porta le deuil ; mais Israël triompha. Cette mort inexpliquée, par épuisement et mélancolie philosophique, n’était-elle pas un jugement manifeste du Ciel sur le destructeur du temple, sur l’homme le plus coupable qui fût au monde. La légende rabbinique à cet égard prit, comme de coutume, une tournure puérile, qui cependant n’était pas sans quelque justesse. « Titus le méchant », assurent les agadistes, mourut par le fait d’un moucheron, qui s’introduisit dans son cerveau et le fit expirer dans d’atroces tortures[3]. Toujours dupes des bruits populaires, les juifs et les chrétiens du temps crurent généralement au fratricide. Selon eux, le cruel Domi-

    de Titus. Tacite y ferait allusion, par exemple, Hist., I, 2. Le récit du coffre plein de neige (Dion Cassius, LXVI, 26 ; cf. Zonaras, II, p. 498 c, Bonn) s’explique par Plutarque (l. c.)

  1. Suétone, Titus, 9 ; Dom., 2 ; Dion Cassius, LXVI, 26.
  2. Suétone, Dom., 2 ; Dion Cassius, LXVI, 26.
  3. Bereschith rabba, ch. x ; Vayyikra rabba, ch. xxii ; Tanhouma, 62 a ; Talm. de Bab., Gittin, 56 b.