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l’incomparable historien ; d’autres, comme l’auteur du Dialogue des orateurs, qui les égalaient, mais dont les noms sont ignorés, ou dont les écrits sont perdus[1], grandissaient dans le travail ou portaient déjà leurs fruits. Une gravité pleine d’élévation, le respect des lois morales et de l’humanité remplacèrent la haute débauche de Pétrone et la philosophie à outrance de Sénèque. La langue est moins pure que dans les écrivains du temps de César et d’Auguste ; mais elle a du trait, de l’audace, quelque chose qui devait la faire apprécier et imiter des siècles modernes, lesquels ont conçu le ton moyen de leur prose sur une note plus déclamatoire que celle des Grecs.

Sous ce règne sage et modéré, les chrétiens vécurent en paix. Le souvenir que Titus laissa dans l’Église ne fut pas celui d’un persécuteur[2]. Un événement arrivé sous lui fit surtout une vive impression : ce fut l’éruption du Vésuve. L’année 79 vit le phénomène peut-être le plus frappant de l’histoire volcanique de la terre. Le monde entier en fut ému. Depuis que l’humanité avait une conscience, on n’avait pas été témoin de quelque chose d’aussi singulier. Un vieux cratère, éteint depuis un temps

  1. Voir le Dialogue des orateurs.
  2. Eusèbe, H. E., III, 17.