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Après Pierre, on mit un certain Linus[1], dont on ne sait rien de certain, puis Anenclet[2], dont le nom a été estropié plus tard, et dont on a fait deux personnages, Clet et Anaclet.

Un phénomène qui se manifestait de plus en plus, c’est que l’Église de Rome devenait l’héritière de celle de Jérusalem, et s’y substituait en quelque sorte. C’était le même esprit, la même autorité traditionnelle et hiérarchique, le même goût de l’autorité. Le judéo-christianisme dominait à Rome comme à Jérusalem. Alexandrie n’était pas encore un grand centre chrétien. Éphèse, Antioche même ne pouvaient lutter contre une prépondérance que la capitale de l’empire, par la force des choses, tendait de plus en plus à s’arroger.

Vespasien arrivait à une vieillesse avancée, estimé de la partie sérieuse de l’empire, réparant au sein d’une paix profonde, avec l’aide d’un fils actif et intelligent, les maux que Néron et la guerre civile avaient faits. La haute aristocratie, sans avoir beaucoup de sympathie pour une famille de parvenus

  1. Peut-être identique au personnage nommé dans II Tim., iv, 21. V. l’Antechrist, p. 13-14.
  2. Ἀνέγκλητος « irréprochable ». Cf. Corpus inscr. græc., no 1240 ; de Rossi, Bull., 1865, p. 39. C’était, ce semble, un nom servile. Cf. Arch. des miss. scient., nouv. série, t. III, p. 413, 415, note.