Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/182

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Loi pour secondaire et entendaient la filiation d’Abraham dans un sens moral. Josèphe lui-même paraît avoir été favorable aux chrétiens et semble avoir parlé des chefs de la secte avec sympathie[1]. Bérénice, de son côté, et son frère Agrippa avaient eu pour saint Paul un sentiment de curiosité bienveillante[2]. La société intime de Titus était donc plutôt favorable que défavorable aux disciples de Jésus. Ainsi s’explique un fait qui paraît incontestable, c’est que, dans la famille flavienne elle-même, il y eut des chrétiens. Rappelons que cette famille n’appartenait pas à la haute aristocratie romaine ; elle faisait partie de ce qu’on peut appeler la bourgeoisie provinciale ; elle n’avait pas contre les juifs et les Orientaux en général les préjugés de la noblesse romaine, préjugés que nous allons voir bientôt reprendre tout leur pouvoir sous Nerva, et qui amèneront contre les chrétiens cent ans de persécution presque continue. Cette dynastie admettait pleinement le charlatanisme populaire. Vespasien ne se fit aucun scrupule de ses miracles d’Alexandrie, et, quand il se souvenait que des jongle-

  1. Outre les passages plus ou moins contestés, sur Jean-Baptiste, sur Jésus, sur Jacques, on peut alléguer la prompte adoption de Josèphe par les chrétiens, adoption qui n’eût pas eu lieu, si les exemplaires primitifs eussent porté beaucoup de traces d’hostilité contre le christianisme.
  2. V. Saint Paul, p. 543 et suiv.