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d’égards, qui le porte à présenter le caractère de sa nation sous le jour le moins compromettant aux yeux des Romains. La révolte, prétend-il, a été le fait d’une minorité de forcenés ; le judaïsme est une doctrine pure, élevée en philosophie, inoffensive en politique ; les juifs modérés, loin de faire cause commune avec les sectaires, ont été leurs premières victimes. Comment seraient-ils les ennemis irréconciliables des Romains, eux qui demandent aide et protection aux Romains contre les révolutionnaires ? Ces vues systématiques faussent à chaque page la prétendue impartialité de l’historien[1].

L’ouvrage fut soumis (Josèphe du moins veut que nous le croyions) à la censure d’Agrippa et de Titus, qui, à ce qu’il paraît, l’approuvèrent. Titus serait allé plus loin : il aurait signé de sa main l’exemplaire qui devait servir de type, pour montrer que c’était d’après ce volume qu’il entendait qu’on racontât l’histoire du siège de Jérusalem[2]. On sent là l’exagération. Ce qui apparaît avec évidence, c’est l’existence autour de Titus d’une coterie juive qui le flattait, voulait lui persuader que, bien loin d’avoir été le destructeur cruel du judaïsme, il avait voulu sauver le temple, que le judaïsme

  1. V. l’Antechrist, ch. x, xii, xviii, xix.
  2. Jos., Vita, 65. Cf. Contre Apion, I, 9.