Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tique n’aient pas supprimé la contradiction des textes en les réduisant à un seul. C’est que, à vrai dire, le besoin d’unité était combattu par un désir contraire, celui de ne rien perdre d’une tradition qu’on jugeait également précieuse dans toutes ses parties. Un dessein, comme celui que l’on prête souvent à saint Marc, l’idée de faire un abrégé des textes reçus antérieurement, est ce qu’il y a de plus contraire à l’esprit d’un temps comme celui dont il s’agit. On visait bien plutôt à compléter chaque texte par des additions hétérogènes, comme il est arrivé pour Matthieu[1], qu’à écarter du petit livre que l’on avait des détails que l’on tenait tous pour pénétrés de l’esprit divin.

Les documents les plus importants pour l’époque traitée dans ce volume sont, outre les Évangiles et les autres écrits dont on y explique la rédaction, les épîtres assez nombreuses que produisit l’arrière-saison apostolique, épîtres où, presque toujours, l’imitation de celles de saint Paul est visible. Ce que nous dirons dans notre texte suffira pour faire connaître notre opinion sur chacun de ces écrits. Une heureuse fortune a voulu que la plus intéressante de ces épîtres, celle de Clément Romain, ait reçu, dans ces derniers temps, des éclaircissements considérables. On ne connaissait jusqu’ici ce précieux document que

  1. Voir saint Jérôme, Præf. in evang. ad Damasum.