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cultes fondés sur une idée rationnelle de la divinité.

Josèphe avait une instruction hellénique superficielle sans doute, mais dont il savait tirer parti en homme habile ; il lisait les historiens grecs ; cette lecture provoquait son émulation ; il voyait la possibilité d’écrire de cette manière l’histoire des dernières catastrophes de sa patrie. Trop peu artiste pour sentir la témérité de son entreprise, il se jeta en avant, comme il arrive parfois aux juifs qui font leurs débuts littéraires dans une langue étrangère pour eux, en homme qui ne doute de rien. Il n’avait pas encore l’habitude d’écrire le grec, et ce fut en syro-chaldaïque qu’il fit la première rédaction de son ouvrage ; puis il en donna l’édition grecque qui est venue jusqu’à nous. Malgré ses protestations, Josèphe n’est pas l’homme de la vérité. Il a le défaut juif, le défaut le plus opposé à la saine manière d’écrire l’histoire, une personnalité extrême. Mille préoccupations le dominent : d’abord le besoin de plaire à ses nouveaux maîtres, Titus, Hérode Agrippa ; puis le désir de se faire valoir et de montrer à ceux de ses compatriotes qui lui faisaient mauvais visage qu’il n’avait agi que par les plus pures inspirations du patriotisme[1] ; puis un sentiment honnête à beaucoup

  1. V. l’Antechrist, p. 504-505.