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le règne de Vespasien ne fut marqué pour les deux branches de la famille d’Israël par aucune tourmente[1]. Nous avons vu que la nouvelle dynastie, loin de puiser en ses origines le mépris du judaïsme, avait été amenée par le fait de la guerre de Judée, inséparable de son avènement, à contracter des obligations envers un grand nombre de juifs. Il faut se rappeler que Vespasien et Titus, avant d’arriver au pouvoir, étaient restés près de quatre ans en Syrie et y avaient formé beaucoup de liens. Tibère Alexandre était l’homme à qui les Flavius devaient le plus. Il continuait d’occuper un rang de premier ordre dans l’État ; sa statue était une de celles qui décoraient le forum. Nec meiere fas est[2] ! disaient avec colère les vieux Romains, irrités de cette intrusion des Orientaux. Hérode Agrippa II, tout en continuant à régner et à battre monnaie à Tibériade, à Panéas, vivait à Rome[3], entouré de coreligionnaires, menant grand train, étonnant les Romains

  1. Tertullien, Apol., 5 ; Eusèbe, H. E., III, 17. Les Actes des prétendus martyrs qui auraient souffert sous le règne de ce prince n’ont pas d’autorité. L’opinion d’après laquelle le Colisée aurait été bâti par des prisonniers juifs n’apparaît que tard, et n’a de valeur que comme conjecture.
  2. Juv., sat. i, 128-130. V. Mém. de l’Acad. des inscr., XXVI, 1re partie, p. 294 et suiv. Sur sa famille, voir ibid., p. 302.
  3. Jos., B.J., III, iii, 1, 5 ; VII, v, 1 ; Vita, 65 ; Madden, Jewish