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mière rédaction grecque, afin de la rendre sans inconvénients pour les fidèles, et comment de cette révision sortirent l’Évangile dit de Matthieu et celui de Luc. Un fait capital de la littérature chrétienne primitive, c’est que ces textes corrigés et en un sens plus complets ne firent pas disparaître le texte primitif. L’opuscule de Marc se conserva, et bientôt, grâce à l’hypothèse commode, mais tout à fait erronée, qui fit de lui « un divin abréviateur », il eut sa place dans le quatuor mystérieux des Évangiles. Est-il sûr que l’écrit de Marc soit resté pur de toute interpolation, que le texte que nous lisons aujourd’hui soit purement et simplement le premier Évangile grec ? Il serait téméraire de l’affirmer. En même temps qu’on sentit le besoin de composer, en prenant Marc pour base, d’autres Évangiles portant d’autres noms, il est très-possible qu’on ait retouché Marc lui-même, tout en laissant son nom en tête du livre. Beaucoup de particularités semblent supposer une sorte d’influence rétroactive exercée sur le texte de Marc par les Évangiles composés d’après Marc. Mais ce sont là des hypothèses compliquées, que rien ne démontre[1]. L’Évangile de Marc offre une parfaite

  1. C’est bien à tort qu’on prétend que le Marc actuel ne répond pas à ce que dit Papias. Le désordre dont se plaint l’évêque d’Hiérapolis n’est que trop réel. Les anecdotes de la vie de Jésus sont