Cette liberté de composition se retrouve dans le livre de Marc. La distribution logique des matières y fait défaut ; à quelques égards, l’ouvrage est très-incomplet, puisque des parties entières de la vie de Jésus y manquent ; on s’en plaignait déjà au IIe siècle[1]. Au contraire, la netteté, la précision de détail, l’originalité, le pittoresque, la vie de ce premier récit ne furent pas dans la suite égalés. Une sorte de réalisme y rend le trait pesant et dur[2] ; l’idéalité du caractère de Jésus en souffre ; il y a des incohérences, des bizarreries inexplicables. Le premier et le troisième Évangile surpassent beaucoup celui de Marc pour la beauté des discours, l’heureux agencement des anecdotes ; une foule de détails blessants y ont disparu ; mais, comme document historique, l’Évangile de Marc a une grande supériorité[3]. La forte impression laissée par Jésus s’y retrouve tout entière. On l’y voit réellement vivant, agissant.
- ↑ Papias, l. c.
- ↑ Par exemple, Marc, iii, 20.
- ↑ Voir, par exemple, Marc, i, 20, 29 ; ii, 4, 14 ; iii, 17 ; v, 22, 37, 42 ; vi, 45 ; vii, 26, 31 ; viii, 10, 14 ; ix, 6 ; x, 46 ; xi, 4 ; xii, 28 ; xiii, 3 ; xv, 14, 21, 25, 42, en comparant les endroits parallèles des autres synoptiques. Notez surtout dans Marc le récit de la mort de Jean-Baptiste, la seule page absolument historique qu’il y ait dans tous les Évangiles réunis. Remarquez l’expression « fils de Marie » (vi, 3) ; voir l’appendice, p. 542.