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drame des derniers jours de Jésus[1]. Ayant accompagné Pierre à Rome[2], il y resta probablement après la mort de l’apôtre, et traversa dans cette ville les crises terribles qui suivirent. Ce fut là que, selon toutes les apparences, il rédigea le petit écrit de quarante ou cinquante pages qui a été le premier noyau des Évangiles grecs.

L’écrit, bien que composé après la mort de Pierre, était en un sens l’œuvre de Pierre[3] ; c’était la façon dont Pierre avait coutume de raconter la vie de Jésus. Pierre savait à peine le grec ; Marc lui servait de drogman ; des centaines de fois il avait été le canal par lequel avait passé cette histoire merveilleuse. Pierre ne suivait pas dans ses prédications un ordre bien rigoureux ; il citait les faits, les paraboles, selon que les besoins de l’enseignement l’exigeaient[4].

  1. Notez surtout ce qu’il dit de Simon de Cyrène, « père d’Alexandre et de Rufus » (xv, 21), sa connaissance particulière des saintes femmes, de Joseph d’Arimathie.
  2. I Petri, v, 14.
  3. Papias, dans Eus., III, xxxix, 15 ; Irénée, III, i, 1 ; Clément d’Alex., dans Eus., H. E., VI, 14 ; Eusèbe, H. E., II, 15 ; saint Jérôme, De viris ill., 8 ; Ad Hedibiam, quæst. 11 ; Gloses finales des manuscrits (Scholtz et Matthæi, Evang. sec. Marcum, p. 8). Le passage de Justin, Dial., 106, donne lieu à beaucoup de doutes.
  4. Tradition de Presbyteros Joannes, rapportée par Papias, dans Eus., H. E., III, xxxix, 15.