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la tradition orale et sans que l’auteur eût sous les yeux aucun texte antérieur (selon mon opinion, il y eut deux Évangiles de ce genre, l’un écrit en hébreu ou plutôt en syriaque, maintenant perdu, mais dont beaucoup de fragments nous ont été conservés traduits en grec ou en latin par Clément d’Alexandrie, Origène, Eusèbe, Épiphane, saint Jérôme, etc. ; l’autre écrit en grec, c’est celui de saint Marc) ; 2o les Évangiles en partie originaux, en partie de seconde main, faits en combinant des textes antérieurs et des traditions orales (tels furent l’Évangile faussement attribué à l’apôtre Matthieu et l’Évangile composé par Luc) ; 3o les Évangiles de seconde ou de troisième main, composés à froid sur des pièces écrites, sans que l’auteur plongeât par aucune racine vivante dans la tradition (tel fut l’Évangile de Marcion ; tels furent aussi ces Évangiles, dits apocryphes, tirés des Évangiles canoniques par des procédés d’amplification). La variété des Évangiles vient de ce que la tradition qui s’y trouve consignée fut longtemps orale. Cette variété n’existerait pas, si tout d’abord la vie de Jésus avait été écrite. L’idée de modifier arbitrairement la rédaction des textes se présente en Orient moins qu’ailleurs, parce que la reproduction littérale des récits antérieurs ou, si l’on veut, le plagiat y est la règle de