Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

simple que celui de Matthieu et de Luc. La naissance virginale de Jésus n’y figurait pas[1]. En ce qui concerne les généalogies, la lutte fut vive. La grande bataille de l’ébionisme se livra sur ce point. Quelques-uns admettaient les tables généalogiques dans leurs exemplaires ; d’autres les rejetaient[2]. Comparé à l’Évangile qui porte le nom de Matthieu, l’Évangile hébreu, autant que nous en pouvons juger par les fragments qui nous restent, était moins raffiné dans le symbolisme[3], plus logique[4], moins sujet à certaines objections d’exégèse[5], mais d’un surna-

  1. Hilgenfeld, op. cit., p. 6.
  2. Voir Vie de Jésus, p. 23, 249-250. Épiphane, qui n’avait pas vu d’exemplaire de cet Évangile hébreu, reste dans le doute sur ce point, en ce qui concerne les nazaréens. Hær. xxix, 9.
  3. Ainsi c’est l’ὑπέρθυρον, le linteau de la grande porte du temple, qui se brise au moment de la mort de Jésus (Hilg., 17, 28). Les trois synoptiques y ont substitué le καταπέτασμα, le voile, pour marquer que Jésus déchire le voile des mystères antiques et supprime ce que le judaïsme avait d’étroit, d’exclusif, de fermé. Cf. Hébr. vi, 19 et suiv. ; ix, 6 et suiv. ; x, 19 et suiv.
  4. Comparez surtout Matth., xviii, 22, et le passage parallèle de l’Évangile des Hébreux (Hilg., 16, 24) ; Matth., xix, 16-24, et le passage parallèle (Hilg., p. 16-17, 24-26). Au lieu de la pénible invention, qu’on trouve dans le Matthieu canonique, d’une garde romaine mise au tombeau sur la réquisition du sanhédrin, nous voyons dans l’Évangile hébreu le grand prêtre placer simplement quelques-uns de ses domestiques auprès du tombeau (Hilg., p. 17, 28-29).
  5. Ainsi il ne contient pas l’inexactitude de Zacharie, fils de