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périrent également. Les nombreuses citations qu’en font les Pères permettent jusqu’à un certain point de se figurer l’ouvrage original[1]. Les Pères avaient raison de le rapprocher du premier de nos Évangiles. Cet Évangile des Hébreux, des Nazaréens, ressemblait en effet beaucoup à celui qui porte le nom de Matthieu pour le plan et l’ordonnance. Pour la longueur, il tenait le milieu entre Marc et Matthieu[2]. On ne peut assez regretter la perte d’un pareil texte. Il est certain cependant que, quand même nous posséderions encore l’Évangile hébreu vu par saint Jérôme, notre Matthieu devrait lui être préféré. Notre Matthieu, en effet, s’est conservé intact depuis sa rédaction définitive, dans les dernières années du ier siècle, tandis que l’Évangile hébreu, vu l’absence d’une orthodoxie, jalouse gardienne des textes, dans les Églises judaïsantes de Syrie, a été remanié de siècle en siècle, si bien qu’à la fin il n’était pas fort supérieur à un Évangile apocryphe.

À l’origine, il paraît avoir eu les caractères qu’on s’attend à trouver dans une œuvre primitive. Le plan du récit était conforme à celui de Marc, plus

  1. Voir le recueil des fragments qui en restent, dans Hilgenfeld, Novum Test. extra canonem receptum, fascic. IV, p. 5-31.
  2. Stichométrie de Nicéphore, l. c.