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toute espèce. Le sens propre pour une telle exégèse n’existait pas ; on touchait déjà aux chimères du cabbaliste, pour lequel le texte sacré n’est qu’un amas mystérieux de lettres. Inutile de dire que tout ce travail se faisait d’une façon impersonnelle et en quelque sorte anonyme. Légendes, mythes, chants populaires, proverbes, mots historiques, calomnies caractéristiques d’un parti, tout cela est l’œuvre de ce grand imposteur qui s’appelle la foule. Assurément chaque légende, chaque proverbe, chaque mot spirituel a un père, mais un père inconnu. Quelqu’un dit le mot ; mille le répètent, le perfectionnent, l’affinent, l’aiguisent ; même celui qui l’a dit n’a été en le disant que l’interprète de tous.