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mise au rebut est devenue une pierre d’angle, » lisait-on dans un psaume[1]. « Ce sera une pierre de scandale, lisait-on dans Isaïe[2], un achoppement pour les deux maisons d’Israël, un piège, une cause de ruine pour les habitants de Jérusalem ; beaucoup s’y heurteront et tomberont. » Que le voilà bien ! se disait-on. On repensait surtout ardemment aux circonstances de la Passion pour y trouver des figures. Tout ce qui se passa heure par heure dans ce drame terrible arriva pour accomplir quelque texte, pour signifier quelque mystère. On se rappelait qu’il n’avait pas voulu boire la posca, que ses os n’avaient pas été rompus, que sa robe avait été tirée au sort. Les prophètes l’avaient prédit. Judas et ses pièces d’argent (vraies ou supposées) suggéraient des rapprochements analogues. Toute la vieille histoire du peuple de Dieu devenait une sorte de modèle que l’on copiait. Moïse, Élie, avec leurs lumineuses apparitions, faisaient imaginer des ascensions de gloire. Toutes les théophanies antiques avaient eu lieu sur des points élevés[3] ; Jésus se révéla principalement sur les montagnes, se

  1. Ps. cxviii, 22. Cf. Matth., xxi, 42 ; Marc, xii, 10 ; Luc, xx, 17 ; Act., iv, 11 ; I Petri, ii, 7.
  2. Isaïe, viii, 14-15. Cf. Luc, ii, 34 ; Rom., ix, 32 ; I Petri, ii, 8.
  3. Le Sinaï, le Moria, le Théou-prosopon (Phanuel) de Phénicie, etc.