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théâtre presque unique de cette exquise théophanie. Le rôle de Jérusalem fut presque supprimé. Jésus n’y allait que huit jours avant de mourir. Ses deux derniers jours étaient racontés presque heure par heure. La veille de sa mort, il célébrait la pâque avec ses disciples, et instituait le rite divin de la communion mutuelle. Un de ses disciples le trahissait ; les autorités officielles du judaïsme obtenaient sa mort de l’autorité romaine ; il mourait sur le Golgotha ; il était enseveli. Le surlendemain, son tombeau était trouvé vide ; c’est qu’il était ressuscité, monté à la droite de son Père. Plusieurs disciples étaient ensuite favorisés des apparitions de son ombre errante entre le ciel et la terre.

Le commencement et la fin de l’histoire étaient, comme on le voit, assez arrêtés. L’intervalle, au contraire, était à l’état de chaos anecdotique, sans nulle chronologie. Pour toute cette partie, relative à la vie publique, aucun ordre n’était consacré ; chacun distribuait la matière à sa guise. L’ensemble du récit était ce qu’on appelait « la bonne nouvelle », en hébreu besora, en grec évangélion[1], par allusion au passage du second Isaïe[2] : « L’esprit de Jéhovah est sur moi ; Jéhovah m’a sacré pour annoncer la

  1. Marc, i, 1. Cf. Matth., xxvi, 13 ; Marc, xiv, 9.
  2. Is., lxi, 1 et suiv.