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Naturellement, les catéchistes qui parlaient grec traduisaient ces paroles comme ils pouvaient et d’une façon assez libre[1]. C’est ce qu’on appelait les Logia kyriaka, « les oracles du Seigneur », ou simplement les Logia. Les recueils syro-chaldaïques de sentences de Jésus n’ayant jamais eu d’unité, les recueils grecs en eurent encore moins, et ne furent écrits que d’une façon individuelle, sous forme de notes, pour l’usage personnel de chacun. Il n’était pas possible que, même d’une façon passagère, Jésus fût résumé tout entier en un écrit gnomique ; l’Évangile ne devait pas se renfermer dans le cadre étroit d’un petit traité de morale. Un choix de proverbes courants ou de préceptes, comme le Pirké Aboth, n’eût pas changé l’humanité, le supposât-on rempli de maximes de l’accent le plus élevé.

Ce qui, en effet, caractérise Jésus au plus haut degré, c’est que l’enseignement fut pour lui inséparable de l’action. Ses leçons étaient des actes, des symboles vivants, liés d’une manière indissoluble à ses paraboles, et certainement, dans les plus anciens feuillets qui furent écrits pour fixer ses enseignements, il y avait déjà des anecdotes, des petits

    breux. — Les gens parlant syriaque comprenaient parfaitement les gens de Galilée. Jos., B. J., IV, i, 5.

  1. Papias, dans Eus., H. E., III, xxxix, 16.