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che[1]. » Son remercîment pour l’envoi d’argent que lui ont fait les riches dames de Philippes est un modèle de bonne grâce et de vive piété :

J’ai éprouvé une grande joie dans le Seigneur à propos de cette refloraison tardive de votre amitié, qui vous a fait enfin penser à moi ; vous y pensiez bien ; mais vous n’aviez pas d’occasion. Je ne dis pas cela pour insister sur ma pauvreté ; j’ai appris à me contenter de ce que j’ai. Je sais être dans la pénurie et je sais avoir du superflu ; je suis habitué à tout, à être rassasié et à souffrir la faim, à surabonder et à manquer du nécessaire. Je puis tout en celui qui me fortifie. Mais vous, vous avez bien fait de contribuer à soulager ma détresse. Ce n’est pas au don que je regarde, mais au profit qui en résulte pour vous. J’ai tout ce qu’il me faut, je surabonde même, depuis que j’ai reçu par Épaphrodite votre offrande, sacrifice de bonne odeur, hostie bien accueillie, agréable à Dieu[2] !

Il recommande l’humilité, qui nous fait regarder les autres comme supérieurs à nous, la charité, qui nous fait songer aux autres plus qu’à nous, selon l’exemple de Jésus. Jésus avait en lui toute la divinité en puissance ; il aurait pu, durant sa vie terrestre, se montrer dans sa splendeur divine ; mais l’économie de la rédemption eût alors été renversée.

  1. Phil., iv, 5.
  2. Ibid., iv, 10-18.