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chose hors de doute, en tout cas, c’est que dès cette époque la distinction nette des juifs et des chrétiens se fit à Rome pour les personnes bien informées. Le christianisme parut une « superstition » distincte, sortie du judaïsme, ennemie de sa mère et haïe de sa mère[1]. Néron, en particulier, était assez au courant de ce qui se passait, et s’en faisait rendre compte avec une certaine curiosité. Peut-être déjà quelqu’un des intrigants juifs qui l’entouraient enflammait-il son imagination du côté de l’Orient, et lui avait-il promis ce royaume de Jérusalem qui fut le rêve de ses dernières heures, sa dernière hallucination[2].

Nous ne savons avec certitude le nom d’aucun des membres de cette Église de Rome du temps de Néron. Un document de valeur douteuse énumère, comme amis de Paul et de Timothée, Eubule, Pudens,

    superstitions, Sénèque parlait des juifs, non des chrétiens (saint Augustin, De civit. Dei, VI, 11). L’antipathie qu’il avait contre les juifs (saint Augustin, loc. cit.) lui eût fait mal accueillir saint Paul et les chrétiens, s’il avait été en rapport avec eux. Un homme qui parle du judaïsme comme il le fait n’a pu être disciple de Paul.

  1. « Has superstitiones, licet contrarias sibi, iisdem tamen auctoribus profectas ; christianos ex judæis exstitisse. » Phrase de Tacite, conservée par Sulpice Sévère. Bernays, Ueber die Chronik des Sulpicius Severus (Berlin, 1861), p. 57. Cf. Tac., Ann., XV, 44.
  2. Suétone, Néron, 40.