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peut lutter contre les progrès du matérialisme avec une dogmatique compliquée, s’encombrant chaque jour d’une nouvelle charge de merveilleux.

Le peuple ne peut plus porter qu’une religion sans miracles ; mais une telle religion pourrait être bien vivante encore, si, prenant leur parti de la dose de positivisme qui est entrée dans le tempérament intellectuel des classes ouvrières, les personnes qui ont charge d’âmes réduisaient le dogme autant qu’il est possible, et faisaient du culte un moyen d’éducation morale, de bienfaisante association. Au-dessus de la famille et en dehors de l’État, l’homme a besoin de l’Église. Les États-Unis d’Amérique ne font durer leur étonnante démocratie que grâce à leurs sectes innombrables. Si, comme on peut le supposer, le catholicisme ultramontain ne doit plus réussir, dans les grandes villes, à ramener le peuple à ses temples, il faut que l’initiative individuelle crée des petits centres où le faible trouve des leçons, des secours moraux, un patronage, parfois une assistance matérielle. La société civile, qu’elle s’appelle commune, canton ou province, État ou patrie, a des devoirs pour l’amélioration de l’individu ; mais ce qu’elle fait est nécessairement limité. La famille doit beaucoup plus ; mais souvent elle est insuffisante ; quelquefois elle manque tout à fait. Les associations