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solennelle serait d’un excellent effet, et parvint à surmonter à cet égard les répugnances de son vieux père. La cérémonie fut organisée avec toute l’habileté des décorateurs romains de ce temps ; ce qui la distingua fut la recherche de la couleur locale et de la vérité historique[1]. On se plut aussi à reproduire les rites simples de la religion romaine, comme si on eût voulu l’opposer à la religion vaincue. Au début de la cérémonie, Vespasien figura en pontife, la tête plus qu’à demi voilée dans sa toge, et fit les prières solennelles ; après lui, Titus pria selon le même rite. Le défilé fut une merveille ; toutes les curiosités, toutes les raretés du monde, les précieux produits de l’art oriental, à côté des œuvres achevées de l’art gréco-romain, y figurèrent ; il semble qu’au lendemain du plus grand danger que l’empire eût couru, on tînt à faire un pompeux étalage de ses richesses. Des échafaudages roulants, s’élevant à la hauteur de trois et quatre étages, excitaient l’universelle admiration ; on y voyait représentés tous les épisodes de la guerre ; chaque série de tableaux se terminait par la vive effigie de l’apparition étrange de Bar-Gioras et de la façon dont il fut pris. Le visage pâle et les yeux hagards des captifs étaient dissimulés par les

  1. Jos., B. J., VII, v, 3-7.