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à Dieu, et reconnut qu’il avait été l’objet d’une faveur surnaturelle. Ce qu’il y a de frappant, c’est que Philostrate[1], cent vingt ans après, admet pleinement cette donnée et y prend l’occasion d’une correspondance apocryphe entre Titus et son Apollonius. À l’en croire, Titus aurait refusé les couronnes qu’on lui offrait, alléguant que ce n’était pas lui qui avait pris Jérusalem, qu’il n’avait fait que prêter son ministère à un dieu irrité. Il n’est guère admissible que Philostrate ait connu le passage de Josèphe. Il puisait à la légende, devenue banale, de la modération de Titus.

Titus revint à Rome vers le mois de mai ou de juin 71. Il tenait essentiellement à un triomphe qui surpassât tout ce qu’on avait vu jusque-là. La simplicité, le sérieux, les façons un peu communes de Vespasien n’étaient pas de nature à lui donner du prestige auprès d’une population qui avait été habituée à demander avant tout à ses souverains la prodigalité, le grand air. Titus pensa qu’une entrée

    arrière-pensée systématique de Josèphe (voyez ci-dessus, p. 504-505, note, 509 et 510-513). Cependant Titus, quelques années après, ayant, dit-on, approuvé de tels passages (Jos., Vita, 65), on peut en conclure qu’ils répondaient par quelques côtés à sa nature et à sa pensée. Et, si l’on doute de la réalité d’une telle approbation, il reste au moins que Josèphe crut faire sa cour en écrivant ainsi.

  1. Vie d’Apoll., VI, 29.