Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/574

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de nouer des intelligences dans la place ; il était suspect des deux côtés[1]. La situation en était venue au point où la raison et la modération n’ont plus aucune chance de se faire écouter.

Titus cependant s’ennuyait de ces longueurs ; il ne respirait que Rome, ses splendeurs et ses plaisirs[2] ; une ville prise par la famine lui paraissait un exploit insuffisant pour inaugurer brillamment une dynastie. Il fit donc construire quatre nouveaux aggeres pour une attaque de vive force. Les arbres des jardins de la banlieue de Jérusalem furent coupés jusqu’à une distance de quatre lieues. En vingt et un jours, tout fut prêt. Le 1er juillet, les Juifs essayèrent l’opération qui leur avait réussi une première fois : ils sortirent pour brûler les tours de bois ; mais leur manœuvre échoua complètement. Dès ce jour, le sort de la ville fut irrévocablement écrit. Le 2 juillet, les Romains commencèrent à battre et à saper la tour Antonia. Le 5 juillet, Titus en fut maître et la fit presque entièrement démolir, pour ouvrir un large passage à sa cavalerie et à ses machines vers le point où convergeaient tous ses efforts et où devait se livrer la lutte suprême.

Le temple, ainsi que nous l’avons dit, était, par

  1. Comparez Aboth derabbi Nathan, iv.
  2. Tacite, Hist., V, 11.