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dirent aux propositions du vainqueur que par des sarcasmes.

Le siège alors prit un caractère d’horrible cruauté. Les Romains déployèrent l’appareil des plus hideux supplices ; l’audace des Juifs ne fit que s’accroître. Le 27 et le 29 mai, ils brûlèrent les machines des Romains et les attaquèrent jusque dans leur camp. Le découragement se mit parmi les assiégeants ; plusieurs se persuadèrent que les Juifs disaient vrai, que Jérusalem était en effet imprenable ; la désertion commença. Titus, renonçant à l’espérance d’emporter la place de vive force, la bloqua étroitement. Un mur de contrevallation, rapidement élevé[1] (commen-

    qu’une reproduction des assertions de l’historien juif, prouve simplement qu’à côté de la version de Tacite, il y avait une autre version destinée à montrer l’humanité de Titus. La tradition talmudique semble savoir quelque chose des négociations en vue d’empêcher la ruine complète de la ville (Aboth derabbi Nathan, c. iv et vi). Il est remarquable que Josèphe fut largement récompensé, dès l’an 70 (Vita, 76), d’avoir servi d’instrument à des essais de conciliation. Peut-être Titus laissait-il poursuivre ces tentatives, tout en sachant bien qu’elles ne réussiraient pas, et en réservant sa liberté d’action. Une très-grande part, en tout cas, doit être faite dans les récits de Josèphe à l’exagération, au désir de se donner de l’importance et à la prétention d’avoir rendu des services considérables à sa nation. Certains de ses coreligionnaires lui reprochaient sa trahison. N’était-ce pas une excellente réponse que de se montrer usant de la faveur de Titus pour détourner de son pays le plus de mal possible (Vita, 75)?

  1. Voir Saulcy, Les dern. jours de Jér., p. 309 et suiv., et le plan p. 222.