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comme prémices. Ces trois partis[1] se faisaient une guerre continuelle ; on marchait sur des tas de cadavres ; on n’enterrait plus les morts. D’immenses provisions de blé avaient été faites, qui eussent permis de résister des années. Jean et Simon les brûlèrent pour se les arracher réciproquement[2]. La situation des habitants était horrible ; les gens paisibles faisaient des vœux pour que l’ordre fût rétabli par les Romains ; mais tous les passages étaient gardés par les terroristes ; on ne pouvait s’enfuir. Cependant, chose étrange ! du bout du monde on venait encore au temple. Jean et Eléazar recevaient les prosélytes, et profitaient de leurs offrandes. Souvent les pieux pèlerins étaient tués au milieu de leurs sacrifices, avec les prêtres qui faisaient la liturgie pour eux, par les traits et les pierres des machines de Jean. Les révoltés agissaient avec activité au delà de l’Euphrate, pour avoir du secours soit des juifs de ces contrées, soit du roi des Parthes. Ils s’étaient imaginé que tous les juifs d’Orient prendraient les armes. Les guerres civiles des Romains leur inspiraient de folles espérances ; comme les chrétiens, ils croyaient que

  1. Tacite, Hist., V, 12.
  2. Jos., B. J., V, i, 4 ; Tacite, Hist., V, 12. Midrasch rabba, sur Kohéleth, vii, 11 ; Talm. de Bab., Gittin, 56 a ; Midrasch rabba, sur Eka, i, 5.