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des siècles », et celles où, pour exprimer la longueur indéfinie du règne messianique, il était dit qu’il durerait « mille ans ». Selon la règle des interprètes qu’on appelle harmonistes, on mit lourdement bout à bout les données qu’on ne pouvait faire bien coïncider. On fut guidé dans le choix du chiffre mille par une combinaison de passages de psaumes, d’où il semble résulter « qu’un jour de Dieu vaut mille ans[1] ». Chez les juifs se retrouve aussi la pensée que le règne du Messie sera non pas l’éternité bienheureuse, mais une ère de félicité durant les siècles qui précéderont la fin du monde. Plusieurs rabbins portent, comme l’auteur de l’Apocalypse, la durée de ce règne à mille ans[2]. L’auteur de l’épître attribuée à Barnabé[3] prétend que, de même que la création a eu lieu en six jours, de même l’accomplissement des destinées du monde se fera en six mille ans (un jour pour Dieu équivalant à mille ans), et qu’ensuite, de même que Dieu se reposa le septième jour, de même aussi, « quand viendra son fils et

  1. Ps. xc, 4, rapproché de Ps. lxxxiv, 11. Comp. épître de Barnabé, c. 15 ; II Petri, iii, 8 ; Justin, Dial. cum Tryph., 81 ; Irénée, Adv. hær., V, xxiii, 2.
  2. Pesikta rabbathi, sect. i ; Jalkut sur les Psaumes, no  806 ; Ammonius, dans Maï, Script. vet. nova coll., I, 2e partie, p. 207. Selon l’Apocalypse d’Esdras, vii, 26 et suiv., le règne du Messie sera de quatre cents ans.
  3. Epist. Barnabæ, 15.