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sianiques, et à considérer Gog et Magog comme les représentants du monde barbare et païen qui survivra à la ruine de Rome, et coexistera avec le règne millénaire de Christ et de ses saints.

Ce mode de création par voie extérieure, si j’ose le dire, cette façon de combiner, au moyen d’une exégèse d’appropriation, des phrases prises çà et là, et de construire une théologie nouvelle par ce jeu arbitraire, se retrouvent dans l’Apocalypse pour tout ce qui touche au mystère de la fin des temps. La théorie de l’Apocalypse à cet égard se distingue par des traits essentiels de celle qu’on trouve dans saint Paul et de celle que les Évangiles synoptiques placent dans la bouche de Jésus. Saint Paul semble, il est vrai, parfois[1] croire à un règne du Christ dans le temps, qui aura lieu avant la fin dernière de toutes choses ; mais il ne va jamais à la même précision que notre auteur. Selon l’Apocalypse, en effet, l’avènement du futur règne de Christ est très-proche ; il doit suivre de près la destruction de l’empire romain. Les martyrs ressusciteront seuls à cette première résurrection ; le reste des morts ne ressuscitera pas encore. De telles bizarreries étaient la conséquence de la manière tardive et incohérente

  1. I Cor., xv, 24 et suiv.