justicier suprême des choses humaines tient de temps en temps, pour ramener l’ordre sans cesse troublé par les hommes, on y trouvera le germe de la vision de Patmos. Toute révolution, toute convulsion historique devenait pour l’imagination du juif, obstiné à se passer de l’immortalité de l’âme et à établir le règne de la justice sur cette terre, un coup providentiel, prélude d’un jugement bien plus solennel et plus définitif encore. À chaque événement, un prophète se levait pour crier : « Sonnez, sonnez de la trompette en Sion ; car le jour de Jéhovah vient ; il est proche[1]. » L’Apocalypse est la suite et le couronnement de cette littérature étrange, qui est la gloire propre d’Israël. Son auteur est le dernier grand prophète ; il n’est inférieur à ses devanciers qu’en ce qu’il les imite ; c’est la même âme, le même esprit, L’Apocalypse offre le phénomène presque unique d’un pastiche de génie, d’un centon original. Si l’on excepte deux ou trois inventions particulières à l’auteur et d’une merveilleuse beauté[2], l’ensemble du poëme est composé de traits empruntés à la littérature prophétique et apocalyp-
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