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fleur de farine, froment, bétail, brebis, chevaux, chars, corps[1] et âmes d’hommes ;… les marchands de toutes ces choses, qui s’étaient enrichis d’elle, se tenant à distance par crainte de ses tourments : « Malheur ! malheur ! diront-ils. Quoi ! c’est là cette grande ville qui était vêtue d’écarlate, de pourpre, de fin lin, qui était décorée d’or, de pierres précieuses et de perles ! En une heure ont péri tant de richesses ! » Et les marins qui venaient vers elle, et tous ceux qui trafiquent de la mer, s’arrêtant à distance, à la vue de la fumée de son incendie, jettent de la poussière sur leur tête, se répandent en cris, en pleurs et en lamentations : « Malheur ! malheur ! disent-ils. La grande ville qui enrichissait de ses trésors tous ceux qui avaient des vaisseaux sur la mer, voilà qu’en une heure elle a été changée en désert. »

Réjouis-toi de sa ruine, ô ciel ; réjouissez-vous, saints, apôtres et prophètes ; car Dieu a jugé votre cause et vous a vengés d’elle.


Alors un ange d’une force extraordinaire saisit une pierre grosse comme une meule, et la lance dans la mer, disant :


Ainsi sera précipitée Babylone, la grande ville, et on ne

  1. Quand il s’agissait d’esclaves, on comptait par σώματα : inscriptions de Delphes (v. Journ. asiat., juin 1868, p. 530-531) ; Démosthène, Contre Everge et Mnésibule, § 11 ; Tobie, x, 10 ; II Macch., viii, 11 ; version grecque de Gen., xxxvi, 6 ; comp. Gen, xii, 5 ; Ézéchiel, xxvii, 13 ; Jos., Vita, 75. Cf. Wescher, dans l’Ann. de l’ass. des études grecques, 1872, p. 88.