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perdue depuis l’âge du patriarche Job[1], pour nuire aux hommes pieux, surtout aux chrétiens, et attirer sur eux d’affreux malheurs. Les persécutions de Rome et d’Éphèse ont été son ouvrage. Il va maintenant perdre ce privilège. L’archange Michel (l’ange gardien d’Israël), avec ses anges[2], lui livre bataille. Satan est vaincu, chassé du ciel, jeté sur la terre, ainsi que ses suppôts ; un chant de triomphe éclate, quand les êtres célestes voient précipité de haut en bas le calomniateur, le détracteur de tout bien, qui ne cessait nuit et jour d’accuser et de dénigrer leurs frères demeurant sur la terre[3]. L’Église du ciel et celle d’ici-bas fraternisent à propos de la défaite de Satan. Cette défaite est due au sang de l’Agneau et aussi au courage des martyrs qui ont poussé leur sacrifice jusqu’à la mort. Mais malheur au monde profane ! Le Dragon est descendu dans son sein, et on peut tout attendre de son désespoir ; car il sait que ses jours sont comptés.

Le premier objet contre lequel le Dragon jeté sur la terre tourne sa rage est la femme (l’Église d’Israël) qui a mis au monde ce fruit divin que Dieu

  1. Livre de Job, prologue ; I Chron., xxi, 1. Cf. le zabulus (διάϐολος) de l’Ass. de Moïse, c. 10.
  2. Daniel, x, 13, 21 ; xii, 1 ; Jude, 9.
  3. Comp. Gen., iii, 1 ; Job, i et ii ; Zacharie, iii, 1.