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femme met au monde un fils destiné « à gouverner les nations avec une verge de fer », trait caractéristique du Messie[1]. L’enfant (Jésus) est enlevé au ciel par Dieu[2] ; Dieu le place à côté de lui sur son trône. La femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une retraite pour douze cent soixante jours. C’est ici une allusion évidente soit à la fuite de l’Église de Jérusalem et à la paix dont elle doit jouir dans les murs de Pella durant les trois ans et demi qui restent jusqu’à la fin du monde, soit à l’asile que trouvèrent les chrétiens judaïsants et quelques apôtres dans la province d’Asie. L’image de « désert » convient mieux à la première explication qu’à la seconde. Pella, au delà du Jourdain, était un pays paisible, voisin des déserts d’Arabie, et où le bruit de la guerre n’arrivait presque pas.

Alors a lieu dans le ciel un grand combat. Jusque-là Satan, le katigor[3], le critique malveillant de la création, avait ses entrées dans la cour divine. Il en profitait, selon une vieille habitude qu’il n’avait pas

  1. Ps. ii, 9. Cf. Apoc., ii, 27 ; xix, 15.
  2. L’auteur de l’Apocalypse croit à l’ascension de Jésus. Cf. xi, 12 (ce qui concerne les deux témoins est calqué sur ce que l’auteur sait de la légende de Jésus). Voir les Apôtres, p. 54-55.
  3. Cette forme rabbinique du mot grec κατήγορος est adoptée par notre auteur (xii, 10).