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sept Églises qui avaient été en rapport avec l’apôtre ? Et si l’on nie ces rapports, avec M. Scholten, on tombe dans une difficulté plus grave encore ; car il faut admettre alors que le faussaire, par une ineptie sans égale, écrivant à des Églises qui n’ont jamais connu Jean, présente son prétendu Jean comme ayant été à Patmos, tout près d’Éphèse[1], comme sachant leurs secrets les plus intimes et comme ayant sur elles une pleine autorité. Ces Églises, qui, dans l’hypothèse de M. Scholten, savaient bien que Jean n’avait jamais été en Asie ni près de l’Asie, se fussent-elles laissé tromper à un artifice aussi grossier ? Une chose qui ressort de l’Apocalypse, dans toutes les hypothèses[2], c’est que l’apôtre Jean fut durant quelque temps le chef des Églises d’Asie. Cela établi, il est bien difficile de ne pas conclure que l’apôtre Jean fut réellement l’auteur de l’Apocalypse ; car, la date du livre étant fixée avec une précision absolue, on ne trouve plus l’espace de temps nécessaire pour un faux. Si l’apôtre, en janvier 69, vivait en Asie, ou seulement y avait été, les quatre premiers chapitres sont incompréhensibles de la part d’un faussaire. En

  1. Supposer l’apôtre venu à Patmos, c’est le supposer venu à Éphèse, Patmos étant en quelque sorte une dépendance d’Éphèse, au point de vue de la navigation.
  2. Voir l’appendice à la fin du volume, p. 559 et suivantes.